Journée de mise en situation

Le mardi 4 février, un groupe d’élèves de 4èmes et 3èmes du collège Henri Barbusse a décidé de vivre une journée de cours en situation de handicap. Certains ont passé leur journée en fauteuil roulant, d’autres en étant aveugle, aidés d’une canne blanche.

Les objectifs étaient multiples : tout d’abord sur un plan personnel, les élèves voulaient se rendre compte du quotidien d’une personne en situation de handicap, déceler les problèmes, les obstacles que  pouvaient rencontrer les personnes en fauteuil roulant ou les personnes non voyantes. Un autre objectif était de sensibiliser les autres élèves du collège en perturbant un peu leurs habitudes, en leur offrant un autre regard sur le handicap. Enfin, les élèves ont essayé de mettre en évidence les points positifs et négatifs de leur nouveau collège quand à l’accueil d’élèves en situation de handicap.

Pour l’expérience en fauteuil roulant:

Sur un plan personnel, les élèves ont reconnu avoir mal aux mains et aux bras à la fin de la journée. Ils se sont posés la question de l’optimisation de leurs déplacements pour être moins fatigués à la fin de la journée.

Par rapport à leurs camarades de classe, les réactions étaient diverses, certains les ont aidés spontanément pour circuler, d’autres se sont moqués d’eux, les empêchant d’avancer ou essayant de les déstabiliser. Les élèves ont ainsi pris conscience que les regards étaient encore bien différents face à une personne en situation de handicap. Certains ont même refusé d’aller en recréation de peur d’être bousculés.

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Par rapport aux installations, les élèves se sont entendus sur plusieurs points:

– les salles de sciences ne sont pas adaptées puisque la hauteur des tables de travail ne permet pas à une personne en fauteuil de suivre et de pratiquer les expériences.

– beaucoup de salles de cours ne permettent pas le passage d’un fauteuil dans les rangs, ce qui impliquerait qu’une personne en fauteuil soit toujours à la 1ère place à côté de la porte.

– à l’inverse les tables de cours sont à la bonne hauteur, le fauteuil passant juste en dessous.

– l’ascenseur du collège n’est pas adapté puisqu’un seul fauteuil peut rentrer et qu’il faut la présence d’un adulte pour le faire fonctionner. On pourrait imaginer un double de la clé pour les élèves en fauteuil ou un bouton émettant un signal dans le bureau des surveillants pour les alerter de la présence de l’élève. Autre problème, un fauteuil électrique ne rentrerait pas dans l’ascenseur.

– les élèves qui sont allés manger à la cantine n’ont pas pu tous monter dans le bus car ces derniers sont prévus pour transporter un seul fauteuil. A la cantine, l’autonomie n’est pas envisageable de part la hauteur des plats pour se servir.

– enfin si les accès dans le collège sont équipés de rampes pour les fauteuils, l’accès au collège depuis la rue n’est pas adapté.

Pour les personnes non voyantes:

Sur un plan personnel, l’expérience a été plus angoissante. Le fait de perdre la vue à beaucoup perturbé les élèves, ces derniers n’ayant plus de repères. Ils ont eu du mal à percevoir les distances dans des lieux pourtant connus. Ils ont eu également une sensation de frustration en cours, de part le fait de ne pas voir ce qui était écrit, de ne pas pouvoir visualiser les documentaires. Ils se sont rendus compte que les élèves qui parlaient les perturbaient encore plus qu’à l’accoutumé car ils ne pouvaient se focaliser que sur une seule voix. La période de la recréation à été aussi très stressante, de part le bruit général et certains élèves qui s’amusaient autour d’eux. D’ailleurs, ils étaient assez unanimes pour dire qu’ils arrivaient au bout d’un certain temps à sentir la présence des personnes autour d’eux.

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Par rapport aux camarades de classe : même constat qu’en fauteuil, certains étaient très prévoyants vis à vis d’eux, d’autres ont profité de la situation pour les taquiner.

Par rapport aux installations : le collège a été perçu comme un vrai labyrinthe, les élèves avaient vraiment du mal à se repérer dans l’espace. Il manque des indicateurs pour les personnes mal voyantes.

En conclusion, l’expérience fut très enrichissante pour les élèves comme pour les professeurs. Nous espérons que celle-ci permettra d’entamer une vraie réflexion sur l’accueil d’élèves en situation de handicap dans notre collège.

                               

Témoignages d’élèves

J’ai vite appris comment utiliser le fauteuil roulant. En revanche, les portes du collège étaient trop étroites car j’avais un fauteuil de handisport donc les roues étaient inclinées. Quand j’étais en fauteuil, tout le collège me regardait. Les autres élèves m’ont posé beaucoup de questions sur le fauteuil et sur notre projet.

J’ai trouvé cette activité drôle mais cela m’a demandé beaucoup d’efforts physiques. Le plus dur a été d’éviter le regard des gens et j’ai été prise de panique quand je bloquais le passage de la porte par exemple et que plein de gens attendaient derrière moi. Je me sentais « responsable ».

Cet exercice m’a fait comprendre le ressenti quotidien des personnes en fauteuil roulant. J’ai appris qu’il ne fallait pas les fixer du regard mais plutôt les aider volontairement.

Maï – élève de 3ème

 

En fauteuil roulant, ce que je n’ai pas aimé, c’est quand les autres élèves me bousculaient, me poussaient ou me faisaient tourner en rond. ce que j’ai aimé c’est faire du handibasket le soir avec le reste du groupe et aussi pouvoir prendre l’ascenceur.

Hani – élève de 3ème

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J’ai été en situation d’ « aveugle » toute la journée grâce à un masque. Ça a été bizarre très dur. On a l’impression que le collège devient un labyrinthe et qu’on tourne en rond. Par contre, j’entendais mieux donc j’avais l’impression que tout le monde me criait dans les oreilles. Des gens m’ont aussi embêté mais j’ai voulu continuer l’expérience toute la journée, même pendant le temps du déjeuner. Je suis même sortie faire un tour en dehors du collège sous la surveillance d’un de mes professeurs car je ne marchait pas toujours droit. J’ai aussi fais de l’escalade en sport car ma classe faisait du ping-pong et ce n’est pas possible d’en faire quand on est aveugle.

Dans la cour, il y a des endroits qui ne sont pas adaptés pour les aveugles car on a du mal à savoir si il y a quelque chose devant. Je pense que c’est aussi car je ne savais pas bien me servir de la canne. Par contre je trouve que c’est bien qu’il y ai un ascenseur.

Emma – élève de 4ème

 

Le matin j’ai été aveugle. Cette matinée a été très intéressante mais difficile. On entend beaucoup de bruit surtout dans la cour et dans les couloirs. Du coup on devient plus attentifs. Quelques élèves nous ont aussi embêté. En Histoire-Géographie, le professeur nous a passé un film donc on a juste eu le son. On entend plus en étant aveugle et on suit mieux les cours. Quand les autres bavardes en cours, ça nous gêne, on est perdus et ça nous donne mal à la tête. C’est vraiment pas facile comme situation.

L’après-midi en fauteuil roulant, c’était plus simple. Le collège est adapté avec l’ascenseur mais pas les salles de Sciences, les tables sont trop hautes.

Je trouve que cette journée m’a appris des choses et que c’était intéressant de se mettre dans la peau d’une personne handicapée. C’était pas de l’amusement. Les personnes en situation de handicap ont du courage et ils sont très forts parce que ce que j’ai vécu eux c’est tout le temps, tous les jours qu’ils le vivent. Le plus difficile c’était le regard des autres alors qu’une personne handicapée est une personne normale.

Kathleen – élève de 3ème

 

Après cette journée, je comprends mieux ce que ressentent les personnes handicapées. J’ai souvent eu envie de me lever et de bouger les pieds lorsque j’étais en fauteuil. Les tables de Sciences n’étaient pas à la bonne hauteur pour moi et dans certains cours, on ne pouvait pas aller au tableau car il y a une estrade ou pas assez de place dans les rangs. Pour que je rentre et que j’aille à mon bureau, il fallait qu’on bouge les tables dans certaines classes. Ce qui est compliqué c’est que l’ascenseur ne peut accueillir qu’un fauteuil ce qui fait que c’était un peu long d’attendre son tour mais on était nombreux. De vrais élèves handicapés arriveraient quand même souvent en retard en cours à cause de ça.

Ce qui était plus difficile c’était d’être aveugle : au bout d’une heure je n’en pouvais déjà plus. De ne pas voir les autres, ne pas voir ou j’allais, ça m’a stressé. mais on me guidait heureusement. Je n’avais plus aucun repère. On doit plus écouter et s’aider de ses mains et de la canne pour ne pas se cogner. Je reconnaissais mes camarades grâce à leur voix mais c’était frustrant de ne rien voir. Pendant les cours il faut bien se concentrer sur la voix du professeur car les bruits autour de nous sont multipliés par 10. Je pense qu’un vrai élève aveugle ne pourrait pas venir dans notre collège car il ne pourrait pas écrire, à part en braille mais pour ça il faut aller dans des écoles spécialisées. J’ai trouvé que c’était une très belle expérience et je recommencerais bien.

Sarah – élève de 4ème

 

Le matin j’ai été dans la même situation qu’une personne aveugle. J’ai directement compris qu’il fallait bien écouter. A la recrée une de mes camarades m’a guidée mais ça a quand même été dur car d’autres élèves nous poussaient. En Histoire-Géographie nous avons regardé un film donc j’ai juste pu écouter. Sans les images c’est très dur de comprendre parfois. Ensuite nous sommes allés en permanence où une journaliste du Progrès nous a interviewé. A près on a enlevé nos masques et ça m’a fait du bien.

L’après-midi j’ai été en fauteuil roulant. J’ai bien aimé car c’était plus simple que d’être aveugle. J’ai constaté que c’est très difficile de circuler dans les couloirs et dans les classes (surtout en Sciences-Physiques).

Narjesse – élève de 3ème

 

Pour moi la journée « mise en situation » a été très bien. C’était fatiguant d’être en fauteuil car on n’a pas l’habitude de forcer autant sur nos bras. Rentrer avec en classe c’était compliqué (les bureaux gênaient). La circulation dans les couloirs n’était pas facile, il y avait beaucoup de monde. Beaucoup d’élèves m’ont posé des questions sur le fauteuil et sur l’expérience et beaucoup m’ont regardé bizarrement. J’avais aussi un peu mal aux mains. D’autres élèves prenaient les poignées du fauteuil par surprise et me faisaient rouler à toute allure. Des élèves de ma classe m’ont dit que j’avais de la chance d’être en fauteuil et voulaient me le prendre.

Mervé – élève de 3ème

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